« De toutes celles qui se proposent dans ce siècle, l’oeuvre du psychanalyste est peut-être la plus haute parce qu’elle y opère comme médiatrice entre l’homme du souci et le sujet du savoir absolu. »1 C’est ainsi que Lacan conclut un des textes fondateurs de son enseignement. Il y fait résonner un idéal auquel chacun de nous – « homme du souci » – ne peut qu’être sensible. Mais, immédiatement, il le colore d’une nuance coûteuse : « C’est aussi pourquoi elle exige une longue ascèse subjective, et qui ne sera jamais interrompue, la fin de l’analyse didactique elle-même n’étant pas séparable de l’engagement du sujet dans sa pratique. » Voilà comment, dès 1953, Lacan, de l’idéal, extrait une éthique pour la psychanalyse. Car évoquer l’engagement dans la pratique est spécialement ce qui fait résonner la question éthique, là où le « souci » entame le « savoir absolu », là où, encore, le savoir désactive, pour une part, le « souci » porté par celui qu’il nommera parlêtre.
Extrait de l’éditorial de Véronique Pannetier
1 Lacan J., « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 321.