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tresses 60

science-friction

« En acceptant le dépassement cartésien que pensait déjà l’épistémologie française, à travers les travaux de Koyré notamment, Lacan en montre aussi les limites et les insuffisances. Car depuis l’expansion et la prise de position dominatrice de la science sur d’autres discours, Lacan perçoit bien ce que celle-ci a pu avoir d’effets comme une « radicale (…) modification dans notre position de sujet ». Une modification qui se révèle finalement être une expulsion. Elle ne se contente pas d’être un outil pour étudier le monde et nous permettre de gagner en connaissances, elle produit aussi des objets, à l’infini aujourd’hui quand elle s’associe à la logique discursive du capitalisme. Ces mêmes objets qui viennent se greffer sur les corps, accompagnant aussi le changement des parlêtres qui ont à y faire. 

En 1974, Lacan déclara « Pour moi, la seule science vraie, sérieuse, à suivre, c’est la science-fiction.» En cela, une fois encore il surprit son monde. Il pointait ici tout à la fois l’impossible et la forclusion qui sont au coeur même de la science et la voie nécessaire pour subvertir son discours : la fiction. Repérée par Freud au plus tôt de sa découverte comme étant constitutive de ce que chacun peut articuler dès qu’il se confronte à l’exercice de la parole. On perçoit alors que ce que la psychanalyse prend à son compte avec le sujet contemporain résulte bien de ce que la science rejette. La psychanalyse le fait sien. En cela, elle en accepte la logique et la structure fictionnelle qui permet d’y accéder et de traiter ainsi à sa façon l’impasse que constitue le non-rapport sexuel. »

Extrait de l’éditorial – Yann Le Fur

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