Produire en cartel
Avec Laura Vigué, psychanalyste, membre de l’ECF, de l’AMP et de la commission des cartels de l’ECF
Dans son Acte de fondation Jacques Lacan invente le cartel et donne à la psychanalyse un outil pour la rendre vivante. Il invite chacun à une « élaboration soutenue dans un petit groupe »[1] et introduit la plus une personne. Avec « D’écolage »[2] , en 1980, il en affine la définition avec le « produit propre à chacun ». et la fonction du plus-un. Cet outil traverse les années et ne cesse de démontrer son opérativité. Il est « l’organe base » de l’Ecole de la Cause freudienne.
S’engager dans un cartel suppose une demande, la demande de faire cartel, une rencontre, la rencontre avec les autres cartellisants, un choix, celui thème de travail, bien souvent un séminaire de Lacan, un second choix celui du plus-un. Vient alors le moment de produire sa question, question singulière issue de la rencontre avec sa propre subjectivité : ce qui fait obstacle, ce qui est obscur, ce qui taraude, ce qui fait énigme. Cette question résonnera avec le thème retenu par les épars desassortis qui constituent le cartel. Dés ce moment l’action de produire est en jeu. « Produire » vient du latin producere composé de pro, devant et de ducere conduire, il signifie mener en avant Au fil du temps « produire » prendra nombre de significations dont « causer », « provoquer », « élaborer », « créer » autant de signifiants chers au cartel. Si le produit est le plus souvent entendu comme l’aboutissement du « produire » avec à la clé un texte prononcé, parfois publié, produire se présente alors comme étape d’un work in progress : rencontre avec une méthode de lecture, énigme d’une formulation dont on cherche à cerner les contours étude d’un concept, trouvaille qui fait jalon vers un travail futur.
S’engager dans un cartel ouvre à la question du savoir. Si l’analyste est le support de l’amour du savoir et la cause du travail de transfert, il est celui qui par son acte ouvre la voie au transfert de travail dont le cartel est l’une des destinations. Grâce à l’amour de transfert l’analyste « permet à la jouissance de condescendre au désir »[3]. Au désir de savoir, soit ce qui va « contre l’ignorance au sens du refoulement »,[4] s’articule le souhait de transférer une part du savoir issu de la cure vers un autre lieu, le cartel. Là se situe la connexion entre ce qui se dépose de savoir dans la cure et sa transformation en une question, formule témoignant d’un transfert au texte de Freud, de Lacan, de Jacques-Alain Miller.
Lors de cette rentrée des cartels deux cartellisantes nous présenteront leur travail issu de leur lecture du séminaire X, l’Angoisse. Laura Vigué, membre de la commission des cartels nous fera part de son travail sur le symptôme en s’appuyant sur les avancées de Lacan sur le symptôme obsessionnel dans ce même séminaire X.
Au fond, faire cartel n’est-ce pas venir avec son symptôme, son inhibition, et avoir rendez-vous avec ses affects ? « Quelque chose auquel on ne comprend rien, c’est tout l’espoir, c’est le signe qu’on est affecté. Heureusement qu’on n’a rien compris, parce qu’on ne peut jamais comprendre que ce qu’on a déjà dans la tête »[5].
Alors pour cette rentrée des cartels venez avec ce que vous ne comprenez pas, vous ne serez pas seuls.
Michel Neycensas,
Délégué aux cartels de l’ACF en Aquitaine.
[1] Lacan J. « Acte de fondation », Autres écrits, Paris Seuil, 2001, p 229
[2] Lacan J. « D’écolage », Aux confins du séminaire, La Divina, Navarin Editeurs, 2021, p 54
[3] Lacan J, Le Séminaire, Livre x, L’angoisse, texte établi par J-A Miller, Paris, Seuil, 2004, p 209
[4] Miller J-A, « L’Ecole , le transfert et le travail », La Cause du désir N° 99, Travaille !, Navarin éditeur, 2018
[5] Lacan J, Le Séminaire, Livre XVIII, D’un discours qui ne serait pas du semblant, Paris, Seuil, 2006, p 105.
En présentiel avec inscription sur place.
8 euros et 5 euros étudiants / demandeurs d’emploi
Infos pratiques
Date
- 20 Sep 2025
Heure
- 15h00 - 17h00
Tarif
- 8.00 €
- Où se rendre : Local ACF - 26 rue du HÂ, 33000 Bordeaux
- Contact : acf.dr-aquitania@causefreudienne.org