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Philippe Lacadée présente

Le Dit poétique d’un ange en exil – Rimbaud avec Lacan

Rencontre animée par Michèle Elbaz et Étienne Germe

 

Cet ouvrage s’inspire de l’acte d’écriture de Rimbaud qui, à la fin du xixe siècle, prit la plume pour dire ce que de l’adolescence il pensait être banal. Toutes ces choses de l’adolescence, le poète, de la position d’exception qui fut la sienne, sut, mieux qu’aucun autre, en saisir le moment qu’il qualifia de révolte logique tout en témoignant que cela l’avait conduit dans une position d’exil, d’abord de son enfance puis de sa langue maternelle, l’amenant à y ressentir ses souffrances modernes, puis à quitter cette langue occidentale qui l’ennuyait pour trouver le repos dans sa pensée.

« Je est un autre »[1], écrivait Arthur Rimbaud, qui cherchait à inventer une langue capable de faire sonner son pas sur terre en se moquant des frontières, une langue pour marcher et, disait-il, « distraire les enchantements assemblés sur son cerveau ». Comment mieux faire entendre à ceux qui, aujourd’hui, se préoccupent de l’étanchéité de nos frontières que l’étranger est au cœur de notre vie psychique ? Si l’« étranger » désigne communément ce qui n’est pas familier, Freud a révélé que l’étrangeté recèle en elle-même le plus proche et le plus inattendu – soit le Je est un autre rimbaldien – ou ce reflet de soi dans la vitre d’un train, d’où, pour Freud, émerge tout à coup l’inconnu – qui expose à la contingence de l’inquiétante étrangeté[2]. Ce lieu de l’exil de l’enfance, Rimbaud le nomma printemps – cet éveil du printemps revisité par Lacan.

Soucieux de « trouver une langue » pour dire « ses sensations inédites », il inventa la poésie objective et sut faire entendre, et encore de nos jours, son Dit poétique. La pratique poétique, et la pratique de la lettre ne cessent de démontrer que, à l’ère de la science, les ressources du poème comme celles de la littérature se réinventent sans cesse, comme celles de l’inconscient, car le poète est toujours un peu prophète en ceci que son oreille s’ouvre au seuil de l’émergence du langage, là où nous appelons les choses avant de les nommer, là où sonne autre chose que le sens. Ainsi, Rimbaud a-t-il précédé le psychanalyste en venant éclairer si bien l’adolescence, pour nous qui cherchons le fil paradoxal de cette révolte logique. Ce livre propose aussi d’éclairer des questions d’actualité́ à partir d’un travail clinique orienté par la psychanalyse et en prenant appui sur les œuvres des artistes de la langue. Il a pour boussole cette phrase de Freud reprise par Lacan qu’en sa matière « l’artiste toujours précède le psychanalyste ».

 

[1] Rimbaud A., « Lettre à Georges Izambard du 13 mai 1871 et Le cœur supplicié » Œuvre- vie, Paris, Arléa, 1991, p. 184.

[2] Freud S., « L’inquiétante étrangeté́ », L’inquiétante étrangeté́ et autres textes, Paris, Gallimard, Folio, Éditions Bilingue, 2001.

 

L’ouvrage est disponible sur ECF Echoppe sur
https://www.ecf-echoppe.com/produit/le-dit-poetique-dun-ange-en-exil-rimbaud-avec-lacan/

Infos pratiques

Date

24 Mai 2025

Heure

15h00 - 17h00