La crise est le signifiant maître de l’ère hypermoderne. Il s’est répandu dans les différents discours de l’Autre social et vient nommer un réel qui surgit en série dans une temporalité de plus en plus contractée. Il n’est donc pas étonnant que ce soit aussi le signifiant mis en avant par les parents lorsqu’ils poussent la porte du cabinet de l’analyste. « On ne peut rien en faire quand il est en crise », « il hurle et n’entend rien », « quand il est comme ça, je ne le reconnais plus » sont des exemples de la kyrielle de plaintes adressées au psychanalyste.

C’est un moment « d’urgence subjective », où l’appareil symbolique fait défaut pour tempérer le réel qui se déchaîne dans le lien de parenté. A l’inverse des approches contemporaines de coaching parental, de gestion des émotions, basées sur l’unification moïque et visant une harmonisation idéale et imaginaire des relations entre parents et enfants, la psychanalyse est affine à la crise en tant qu’elle est le moyen nécessaire pour l’invention et le nouveau.

C’est en cernant la brèche dans laquelle s’engouffre la crise, c’est-à-dire la faille qui sépare et réunit les deux systèmes symboliques, de l’enfant et des parents, que le psychanalyste procède. En séance, il vise par ses interprétations à décompacter le réel, transformer la crise, afin qu’émerge une question « que suis-je pour mes parents ? » « Quelle est ma place dans le désir de l’Autre ? », et qu’advienne une place pour le malentendu structural fondant le lien de parenté, malentendu sur la jouissance : « l’enfant naît malentendu » nous dit Lacan. 

A partir de ces réflexions, pourrions-nous considérer la crise comme la conséquence d’un refus du malentendu ? 

C’est à l’ensemble de ces remarques et questions que nous tenterons de répondre avec l’appui théorique de Jacques Lacan et Jacques-Alain Miller et l’éclairage de deux cas issus de la pratique orientée par la psychanalyse.

Interviendront : Françoise Dessalles, Maria Fernandez et Michel Neycensas.

Discutants : Bruno Alivon et Muriel Chajès.