Telle est la question qui ouvrira notre soirée de travail, dans l’orientation donnée par Daniel Roy vers la prochaine journée de l’Institut de l’Enfant “Rêves et fantasmes »
Partons d’un préalable : l’enfant, très tôt, joue. En effet, ne l’observons-nous pas déjà jouer, tout-petit créateur qu’il est – avec le sein ou le biberon ? attrapant dans le même temps les cheveux de sa maman, le bouton du pull de son papa, le nez du frère venu se mêler de son affaire. Il attrape, relâche, tire dessus, il tète et repousse le sein, fait une vocalise, reprend la tétine… Plus tard encore, il s’amusera à faire tomber sa tasse du haut de sa chaise, dans l’attente de la jubilation qu’on la lui rende. Ou bien encore, il jouera à cache-cache, posant son doudou ou son bavoir sur son visage, exalté du coucou de la retrouvaille. Plus tard, il s’inventera des petites histoires, autour d’un garage, d’une poupée à soigner… Comme Freud le soulignait avec délicatesse, “chaque enfant qui joue se comporte comme un poète”(1), et ainsi que le formule si joliment Winnicott, le jeu est “un mode créatif de perception qui donne à l’individu le sentiment que la vie vaut la peine d’être vécue”.(2)
Les psychanalystes d’enfants ne cessent de s’intéresser à ce mouvement créateur du petit d’homme. Freud, en 1920, dans Au-delà du principe de plaisir(3), a tiré un fil : celui du fort/da. Observation si fine et si précieuse, de l’infans qui œuvre à se sentir exister en dehors de la présence maternelle. Winnicott lui, reprend cela, entre autres avec l’objet transitionnel, et attribue au jeu des vertus thérapeutiques en soi.
Mélanie Klein, avance que le jeu dans la cure est un équivalent du rêve, interprétable en tant qu’il est comme une mise en scène des tensions psychiques de l’enfant. De là, elle considérera le jeu comme médiation thérapeutique.
Enfin Lacan, nous fera saisir en quoi l’avènement d’un sujet, son entrée dans le symbolique, en passe par la fonction primordiale des jeux d’occultations que sont le fort/da et le miroir.
A quoi ça sert de jouer quand on est un enfant? Y aurait-il, quand l’enfant joue, l’émergence de la construction du fantasme? Qu’est ce qui, dans ce que les cures d’enfants nous enseignent à ce sujet, oriente la praxis du thérapeute? En quoi, tout cela, c’est du sérieux? Nous visiterons ces questions à la lumière de l’enseignement de Lacan.
Des cas cliniques que des cliniciens avertis auront travaillé pour cette soirée, viendront illustrer notre propos, trouer nos attentes, si tant est que nous y cherchons un plus-de-savoir.
Estelle Planson
1 S.Freud, “Le créateur littéraire et la fantaisie”, in L’inquiétante étrangeté et autres essais, Édition Folio, p.34, 1908.
2 D.W.Winnicott, Jeu et réalité, Edition Folio, p.127.
3 S. Freud «Au-delà du principe de plaisir», Essais de psychanalyse, petite bibliothèque Payot, Paris, 1985, p. 43
Infos pratiques
Date
- 05 Déc 2023
- Expiré!
Heure
- 21h00
Tarif
- 5.00 €
- Où se rendre : Local ACF - 26 rue du HÂ, 33000 Bordeaux
- Contact : groupechevuoi@yahoo.fr
- Lien d'inscription : https://my.weezevent.com/jouer-est-ce-bien-serieux?_gl=1*123vjps*_gcl_au*MTAyODIyOTgyNC4xNzAwMzMwODU0*_ga*MTE0NjMyMzAzNy4xNzAwMzMwODU0*_ga_39H9VBFX7G*MTcwMDY3MzQyMC4zLjEuMTcwMDY3MzQzNy40My4wLjA.