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tresses 63

Ce qui enseigne

« Ce que j’enseigne a fait un certain bruit »1 dit Jacques Lacan à Bordeaux en avril 1968, aux internes de l’Hôpital psychiatrique Charles-Perrens. Ce qu’il enseigne se rapporte à l’expérience psychanalytique et cela n’a aucune prétention de Weltanschauung, de conception du monde. Cela concerne, dit-il, « une expérience, qui, ou bien est sérieuse, ou bien est une incroyable errance, une chose folle, délirante. Ça en a d’ailleurs tout l’aspect quand on la voit de l’extérieur. Le trait fondamental de l’analyse, c’est que les gens finissent par se rendre compte qu’ils ont déconné à plein tuyaux pendant des années. »2

C’est ce que notre propre expérience de la psychanalyse nous enseigne, mais qu’en dire ? Lacan dans la dernière partie de son enseignement choisit plutôt une autre voie, il essaie « de montrer, pourquoi ça tient, pourquoi ça se poursuit, pourquoi ça arrive à quelque chose qui très souvent n’est pas du tout ce qu’on croit devoir annoncer à l’extérieur et réclamer concernant l’opération. » 3

Comment faire pour enseigner ce qui ne s’enseigne pas ? S’agirait-il de « montrer » comme le dit Lacan, mais montrer quoi ? Que ça rate, Lacan a tout fait pour rater ses nœuds, nous dit Jacques-Alain Miller, et « Évidemment, ce ratage n’est pas un ratage contingent. Ce ratage, c’est la manifestation du rapport à un impossible. »4

1 Lacan J., Mon enseignement, Seuil, 2005, p. 78.

2 Ibid p. 91.

3 Ibid

4 Miller J.-A., « Une fantaisie », Mental n° 15, février 2003, p. 16.

5 Miller J.-A., « Le rossignol de Lacan », La Cause freudienne no 69, septembre 2008, pp. 80-95.

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