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Famille

S’en “défamilliariser” ?

Avec Katty Langelez-Stevens,psychanalyste membre de l’ECF et de l’AMP

 

Il n’existe pas d’être parlant qui ne soit pas d’une famille. Cette famille, le sujet ne l’a pas choisie, c’est le hasard, autre nom du réel, qui est en cause. Lacan remarquait que plus l’analysant avance dans son analyse, plus il « en vient à parler d’une façon de plus en plus centrée […] sur sa famille particulière. […] L’inertie qui fait qu’un sujet ne parle que de papa ou de maman est quand même une curieuse affaire […] Un enfant n’est pas un enfant abstrait. Il a eu une histoire et une histoire qui se spécifie de cette particularité : ce n’est pas la même chose d’avoir eu sa maman et pas la maman du voisin, de même pour le papa » [1]. Il revient alors à chaque sujet de bricoler autour de ce qu’il repère de la jouissance de la famille dans laquelle il est né.
Si la famille traditionnelle nouait les fonctions de procréation, d’éducation et de transmission, donnant une direction à la voie d’un désir orienté par le renoncement à la jouissance, ces trois fonctions semblent se dissocier et se pluraliser aujourd’hui. La famille a élargi ses frontières traditionnelles en multipliant les formes de filiation et de parentalité. L’impératif pulsionnel de la société libérale, avec son exigence du plus-de-jouir, et les progrès de la médecine ont eu pour conséquence non seulement de disjoindre la sexualité et la reproduction mais aussi de provoquer une érosion des rôles parentaux classiques. Quelles conséquences sur les solutions symptomatiques des sujets contemporains ?
En psychanalyse, le lieu de l’Autre s’incarne dans la figure de la famille. Jacques-Alain Miller indique que « la langue parlée par chacun est une affaire de famille et que la famille dans l’inconscient est primordialement le lieu où l’on apprend la langue maternelle » [2]. L’analyse est le lieu privilégié pour élaborer autour de cette jouissance familiale dans laquelle on a été parlé. Ne s’agit-il pas alors de viser une certaine « défamilliarisation », c’est-à-dire une séparation du poids de jouissance qui y est associé, et d’inventer un certain « savoir y faire avec » les signifiants familiaux et autres paroles marquantes ? Comment l’acte de l’analyste peut-il œuvrer vers un desserrage de ces nœuds de jouissance qui font le plus souvent souffrir le sujet ? Quelle est la spécificité de cet acte dans les institutions concernées par le travail avec les familles ?
Enfin, de quoi se sépare-t-on précisément dans l’analyse ? Si le sujet surgit dans la coupure, que « la naissance comme le sevrage sont des occasions données au sujet de séparer, de « se couper » d’une partie de lui-même » [3], la séparation en psychanalyse vise-t-elle quelque chose de soi plus que de l’autre ? S’agit-il de se séparer de sa famille ou de sa part prise dans la jouissance familiale ? Voici les fils que nous vous proposons d’explorer lors de la prochaine journée de l’ACF en Aquitaine.

 

[1] Lacan J., « Conférences et entretiens dans les universités nord-américaines », Scilicet, n° 6-7, Paris, Le Seuil, 1976, p. 44.

[2] Miller J.-A., « Affaires de famille dans l’inconscient », La Lettre mensuelle, Ecole de la Cause freudienne, juillet/août 2006, n° 250, p. 10.

[3] La Sagna Ph., « Qu’est-ce qui sépare, qu’est-ce qui rassemble ? », intervention pour la Journée de Bellefonds « L’enfant et la séparation », 28 septembre 2013.

Infos pratiques

Date

07 Déc 2024

Heure

9h30 - 17h00

Tarif

40.00 €