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Âmes soeurs et frères d’armes

Fraternité et ségrégation aujourd’hui

 

Invitée :

Virginie Leblanc-Roïc, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP

avec la participation de David Selor, street artiste

 

Argument

Cette journée se propose d’interpréter un des symptômes contemporains du malaise dans la civilisation que dévoile notre sous-titre : fraternité et ségrégation aujourd’hui. Virginie Leblanc-Roïc, psychanalyste membre de l’ECF et de l’AMP sera notre invitée pour en discuter avec nous.

Quels en sont les ressorts psychiques ? Ces questions sont d’autant plus brûlantes que nous observons un déchaînement grandissant des discours de haine en réponse à l’inclusion, la mixité et la reconnaissance de minorités de toutes sortes. Ces agrégations identitaires n’auraient-elles pas des effets paradoxaux dans le lien social ? Se cacherait-il derrière la fraternité affichée un potentiel d’agressivité et de destruction de l’autre ? Se rassembler et se haïr iraient-ils de pair ?

Le fil des âmes sœurs, interrogera la tendance actuelle des sujets à s’agréger sur fond de recherche du même pour ne faire qu’un. Proposons, pour nommer cette inclination, que le sujet se « même » dans l’autre.

Cette identification se soutient d’un mode de jouir, d’un affect, ou d’une nomination commune. Les étiquettes diagnostiques qui font florès et se revendiquent en sont un exemple. Pourtant, dans le même mouvement, elles peuvent participer à la ségrégation et à une certaine forme d’exclusion de la folie. Comme le notait Freud en 1930 dans Malaise dans la civilisation : « Il est toujours possible de lier ensemble, dans l’amour, un assez grand nombre d’êtres humains, pourvu qu’il en reste d’autres envers lesquels manifester leur agressivité [1] ».

Le second fil, frères d’armes, montrera comment interpréter le signifiant « frère » qui circule à tout-va. Comme l’indique Lacan : « Sachez que ce qui monte, qu’on n’a pas encore vu jusqu’à ses dernières conséquences, et qui, lui, s’enracine dans le corps, dans la fraternité du corps, c’est le racisme. Vous n’avez pas fini d’en entendre parler [2] ». Si dans le mythe freudien de Totem et Tabou[3], la communauté des frères se fonde du meurtre du père, c’est aujourd’hui « la volonté de meurtre de celui qui incarne la jouissance que je rejette [4] » qui sous-tend parfois les formations communautaires.

Existe-t-il une alternative à cette tension du lien social contemporain ? Comment ne pas s’engluer dans l’impasse des passions d’amour et de haine pour son prochain ? La psychanalyse ouvre une perspective en révélant la source d’une certaine exclusion au fondement du lien à l’autre. Elle fait un pas supplémentaire en démontrant que ce rejet est le reflet d’une ségrégation interne d’un noyau de jouissance dont le sujet ne veut rien savoir. Faire l’expérience de l’analyse, faire de son symptôme son identité la plus assurée mais aussi ce qu’il y a de plus étranger à soi-même – extime – permet à l’analysant de consentir à un « universel difficile [5] » qui admet la singularité et l’altérité fondamentale de chacun. Pour cela, misons sur la possibilité d’une « fraternité discrète [6] » entre le praticien et celui qu’il accueille.

 

 

[1]Freud S., Malaise dans la civilisation, Paris, Points, 2010, p. 123.

[2]Lacan J., Le Séminaire, livre XIX, … ou pire, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2011, p. 236.

[3]Freud S., Totem et tabou, Paris, Petite Bibliothèque Payot, 2001.

[4]Laurent, É, « racisme 2.0 », Lacan Quotidien, n° 37, 26 janvier 2014.

[5]Cf. Milner J.-C., Le juif de savoir, Paris, Grasset, 2006.

[6]Lacan J., Écrits, « l’agressivité en psychanalyse », Paris, Seuil, 1966, p.124.

 

 

 

Tarif : 40€, étudiants : 15€

Infos pratiques

Date

06 Déc 2025

Heure

9h00 - 17h00

Tarif

40.00 €