Notre étude de cette année portera sur l’Acte, qui est à distinguer de l’Action, essentiellement réservée à la réalisation d’un message, d’un semblant, comme construction hybride entre symbolique et imaginaire. C’est déjà faire l’hypothèse d’une présence d’un réel dans l’acte.
D’où l’interrogation : de quel réel s’agirait-il ?
Nous chercherons à y répondre à partir de trois sources.
La première est empruntée à Freud. Il ouvre en effet son « Introduction à la psychanalyse » par trois leçons sur « Les actes manqués ». Appelés aussi « Acting-out », ce sont des actes « qui se produisent lorsqu’une personne prononce ou écrit, en s’en apercevant ou non, un mot autre que celui qu’elle veut dire ou tracer (lapsus)…lorsqu’on entend autre chose que ce qu’on vous dit » (1). « Fausse lecture », « fausse audition » qui sont autant de «Discours réussis » selon Lacan. La clinique de Freud nous aidera à distinguer l’acting-out du passage-à-l’acte.
Avec notre seconde source – pratique et enseignements de Lacan – nous approfondirons la question du passage-à-l’acte, notamment le suicide et le crime qui en sont des paradigmes.
La troisième, c’est le travail de Lacan sur l’acte, à partir de son séminaire sur « L’acte psychanalytique » (2), qui précède Mai 68 et donnera lieu aux quatre Discours, dont celui de l’analyste. C’est en situant l’acte au moment de l’entrée en analyse, et de sa fin – la passe, qui supposent toutes deux un franchissement, qu’on a chance de distinguer acte et passage-à-l’acte, comme acte et acting-out, pour en saisir un point de réel.

(1) Freud, Introduction à la psychanalyse, p15, P.B.P
(2) Lacan, Le séminaire XV, le seuil et le champ freudien.