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. Études lacaniennes
et pratiques en institutions

à Saintes

L’atelier de Saintes de l’ACF en Aquitaine, « Études lacaniennes et pratiques en institutions », est un groupe ouvert où nous tressons nos fragments de savoir avec nos pratiques, s’est enrichi d’une rencontre qui a donné une note particulière à nos travaux. La Ptite Cafèt, lieu surprenant, bulle à l’intérieur des murs de la psychiatrie à l’hôpital de Niort, est animée par les patients 1 sous la responsabilité d’un infirmier, Eric Lotterie, également créateur de Radio-Pinpon, webradio thérapeutique à l’intérieur de ces mêmes murs. « Une vraie radio de malades ! » dit-il. Elle est aussi animée par les patients. Le pari du soin est celui d’un style qui n’est pas sans résonner avec celui de l’orientation lacanienne, celui d’un engagement depuis sa propre solitude subjective, sans se départir pour autant du discours du maître à l’œuvre dans les institutions psychiatriques.

La Ptite Cafèt

par Monique Variéras

La Ptite Cafèt a reçu en résidence le photographe Eric Stucin dont nous avons pu voir les portraits exposés à la villa Pérochon, centre d’art contemporain de Niort. Nous avons été accueillis par deux patients, Cédric et Nathalie qui ont guidé la visite, appuyée de leurs témoignages sensibles. Nous avons été saisis par ces portraits d’une grande humanité, au-delà du regard pour atteindre le beau, beauté cachée qui « recèle l’objet précieux, l’agalma ». Ces portraits s’adressent à chacun, nous regardent, et nous interrogent dans la réversibilité du Che vuoi ?. « Se référant au traitement du visage dans la Grèce ancienne, Jacques-Alain-Miller dit : « Le visage grec, est celui qui émet en même temps le regard et la voix, c’est celui qui parle et qui voit. (…) De sorte que le prosopon grec est vraiment le blason du sujet, ce que chacun porte en lui et qu’il expose aux yeux de tous, manifestant ainsi sa propre individualité. Le visage est alors l’image comme signifiant du sujet »2. La Ptite Cafèt, dans son actualité, traite ces deux objets, le portrait porteur d’une voix silencieuse et la voix dont le visage est soustrait.

Exposition, sur-exposition, sous-exposition, tant du regard que de la voix, quels sont leurs effets sur le sujet, dans l’accroche de l’imaginaire à la jouissance ? Ces questions nous orientent. Nous les avons associées à celle de la honte que nous référons à un autre texte de Jacques-Alain Miller « La note sur la honte » et d’une bibliographie connexe. Attentifs à ce que nous enseignent ces patients nous poursuivons nos rencontres avec Eric Lotterie à pied d’œuvre, sollicité pour des reportages, pour saisir et témoigner de ce soin créatif, hors norme, qui résiste justement à la normalisation.

1- Ondine Millot & Frédéric Stucin Radiothérapie LE MONDE-le magasine 22 octobre 2022

2- Jacques-Alain Miller, « L’image reine », La cause du désir, n°94, Navarin Ed., p.22

©Frédéric STUCIN

· infos & contact

Responsable : Monique Variéras

Contact : acf.dr-aquitania@causefreudienne.org

Lieu des rencontres :
La Ptite cafèt – Hôpital de Niort