« À observer l’époque, on voit […] du côté des institutions qui furent longtemps les pivots des gouvernements un vacillement de taille, puisque la question qui guide désormais le gouvernement français est justement de ne plus mettre en avant le terme d’institution. Le service d’information du gouvernement (sig) ne veut plus utiliser le terme d’institution, trop vertical, trop archaïque dans sa communication. Aujourd’hui, on parle d’« écosystème digital » pour « un marketing politique intégré » afin de proposer « une expérience clients » aux citoyens. La liquidité consonne avec « l’homo consumens [qui] appartient, non pas à la structure solide, rigide, mais au monde liquide, fluide, flexible. »1 Pour preuve, c’est un ancien directeur digital international de lvmh et Warner Bros qui prend la tête de ces nouvelles batailles de l’attention, version extra-liquide voire gazeuse des formes institutionnelles contemporaines. On pourrait […] dire ainsi que l’institution est désormais sans garantie. L’orientation lacanienne fait cependant une toute autre lecture, moins de l’institution que des institutions guidées par une éthique : « Comme vous le savez, c’est dans le réel que je désignai le point pivot de ce qu’il en est de l’éthique de la psychanalyse. »2
Martine Versel, extrait de l’éditorial.
1 – Mahjoud L., « Liaisons et déliaisons », in La désinsertion subjective, La Cause freudienne, n° 72,
Navarin éditeur, 2009, p. 71.
2 – Lacan J., Le Séminaire, livre XVI, D’un Autre à l’autre, Paris, Seuil, 2006, p. 189.
